Repérage de la fragilité, à domicile, de la fragilité de l’usager : Interview avec Philippe Muller

La question de la fragilité chez les personnes âgées est un enjeu majeur de santé publique. Pour approfondir ce sujet et comprendre les enjeux de la formation spécifique sur le repérage de la fragilité à domicile, nous avons interviewé Philippe Muller, ancien cadre de santé spécialisé en gériatrie et formateur.

Pouvez-vous nous présenter le contenu global de cette formation sur la fragilité de la personne âgée à son domicile ?

Ph. Muller : Cette formation est structurée autour de plusieurs axes essentiels permettant d’appréhender la fragilité chez la personne âgée. Nous commençons par une introduction aux principales problématiques de santé rencontrées à domicile : maladies chroniques (diabète, pathologies cardiovasculaires, respiratoires, Alzheimer, cancers), troubles liés à l’usure (arthrose, diminution des capacités sensorielles, ralentissement moteur et idéatoire), ainsi que la dimension psychique.

Nous abordons ensuite le repérage et la prévention de la fragilité, qui permettent d’anticiper la perte d’autonomie, les chutes, l’institutionnalisation, les hospitalisations ou encore le décès à court terme. Nous utilisons plusieurs critères fondamentaux pour définir la fragilité : perte de poids involontaire, épuisement, ralentissement de la vitesse de marche, diminution de la force musculaire, sédentarité, isolement social et précarité.

Enfin, nous nous concentrons sur la prise en charge et l’accompagnement en nous appuyant sur le principe du “triple A” : anticipation, adaptation de la société et accompagnement. Nous insistons sur l’importance des transmissions, de l’hydratation et de la nutrition, ainsi que de la stimulation cognitive et physique. Contrairement à la dépendance, la fragilité est réversible si elle est bien prise en charge.

À qui s’adresse particulièrement cette formation ?

Ph. Muller : Elle est destinée aux professionnels du domicile intervenant auprès des personnes âgées : aides à domicile, auxiliaires de vie, aides-soignants, infirmiers en SSIAD. Les coordonnateurs de services d’aide et de soins sont également concernés car ils jouent un rôle essentiel dans l’organisation de la prise en charge des personnes fragiles.

Les professionnels du domicile occupent une position stratégique pour repérer les signes précurseurs de la fragilité, grâce à leur observation quotidienne et à leur proximité avec les personnes âgées.

Quels sont les moments forts de cette formation ?

Ph. Muller : Parmi les moments marquants :

• Les études de cas cliniques, fondées sur l’expérience de terrain du formateur et des participants, permettent une approche concrète et adaptée aux réalités du terrain.
• Les jeux de rôles et mises en situation, qui facilitent l’apprentissage des réflexes professionnels et la transmission des informations aux autres acteurs du soin et à la famille.
• La prise de conscience autour de la réversibilité de la fragilité, un concept souvent méconnu des professionnels. Comprendre qu’il est possible d’agir efficacement sur la fragilité motive grandement les participants.
• Les exercices pratiques sur les outils de repérage, qui suscitent des échanges enrichissants et fournissent des méthodes concrètes applicables au quotidien.

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